18.4.06

Marxiste Fiasco Tour / 15-16-17-18/02/2006



Première tournée du groupe, premiers émois, premiers noeuds aux ventre, et la rencontre avec The Marxmallows.

Vi(n)ce, l'homme qui conduit le mieux les camions au monde, était forçément là. Il vous raconte.




Mercredi 15 Février 2006

Moi et mes potes, on aime le rock’n’roll qui roule au gasoil, et par voie de conséquence les uns – plutôt rock’n’roll – montent des groupes, et les autres – plutôt gasoil – conduisent le camion qui amène les susnommés groupes en divers endroits destinés à la diffusions de musiques actuelles et amplifiées comme on dit dans les milieux autorisés

C’est dans une de ces expéditions riches en chaleur humaine et en sécrétions corporelles que mes camarades de Charly Fiasco et votre serviteur se sont embarqués en compagnie des parigots de Marxmalows, eux même accompagnés de l’ami Chamoule, ex-Guerilla Poubelle en goguette. La rencontre se fait le mercredi au Liquid Club, antre de la drum’n’bass et autres hard tek toulousaines qui pour la soirée abrite la raïa TLP et leurs invités parisiens. Au cours du repas StOump se sectionne l’ongle et arrose l’assemblée de giclées de sang. On aurait assisté à du vrai Peter Jackson première période si PierrO n’avait pensé à prendre son manuel des castors junior et n’avait mis en pratique les judicieuses astuces de survie en milieux hostile que sa vie de baroudeur lui a inculqué ! Au final StOump jouera de la guitare quatre jours durant avec une poupée que Bernard Menez n’aurait pas renié… la loose… tout est normal !

Sur ces entrefaites les frackanuts ouvrent le bal et entament leur set que je ne verrais pas, occupé que je suis aux entrées avec mon camarade Tristelune. Les échos qui nous parviennent sont partagés, certains aiment, d’autres pas, ils ont sûrement tous raison.


Je m’empresse de déserter mon poste quand vient l’heure pour les Charly Fiasco de monter sur l’absence de scène du Liquid club, devant une grosse soixantaine de personnes venus assister à la première prestation scénique toulousaine d’un groupe que tout le monde attendait au tournant . StOump ne semble pas affecté outre mesure par son doigt mutilé et nous offre le spectacle dont il est coutumier. Pour son deuxième concert, le groupe semble encore se chercher mais arrive tout de même a contenter un public venu en grande partie le voir. Jul maltraite la batteuse, la basse de Dick soutient les guitares de StOump et Mato qui alternent au chant. Les chansons oscillent entre punk rock 77 a la Rancid et des passages plus hardcore, rapides et violents comme on peut en retrouver chez Guérilla Poubelle ou Leptik Ficus. Tout n’est pas encore en place, mais peu de groupes auraient balancé un si bon deuxième concert !
Le temps d’arriver pour les déçus de The Ex (dont le concert, qui se déroulait en même temps aux Vents Du Sud n’a apparemment pas été a la hauteur du mythe), et c’est les Marxmallows qui s’installent. Je ne m’attendais pas à être séduit par un groupe dont le style me rebute assez facilement, mais force est de reconnaître que ces sales gosses sont salement en place ! Le set est carré, les chants sont juste, bien que trop pop et mélo à mon goût, et au final, il faut bien reconnaître que ces sales gosses assurent leur show !

Jeudi 15 Février 2006

Il est déjà l’heure d’aller dormir, la route est longue demain, et rendez vous est pris pour midi au local des Fiasco.
10h00 du mat, ce putain de réveil fait son office et j’ouvre difficilement des yeux encore embués par les libations de la veille. J’ai rendez-vous avec le camarade Dick qui doit faire l’acquisition d’un caisson qui est à l’amplification de la basse électrique ce que le panzer est a la planche a roulette… le bordel rentre a peine dans ma voiture, je n’ose même pas imaginer le rendu de cet engin entre les mains excessives du bassiste le plus bruyant de tout l’ouest de Cornebarrieu ! Bref, il est 12h00 pétantes, et nous voilà au local en premier. Un coup de fil de Jul Fiasco nous apprend que la série noire continue pour StOump qui a embouti une quinquagénaire en Twingo avec le camion ! Ce bon vieux Gédéon est intact, mais on ne peut pas en dire autant de la trapanelle de l’hystérique qui met un point d’honneur à casser des boules qui maintes fois se sont claquées en public, ce qui fait que ce n’est que vers 14h00 que le matos est chargé par nos soins à bord d’un camion qui ne sait pas encore ce qui l’attend.

Nous attachons nos ceintures et c’est le décollage direction Rodez, via un immonde débitant de nourriture rapide et affreusement onéreuse, eu égard à ses médiocres qualité gustatives. Enfin nous partons pour de bon, sur la route encore comme dirait l’autre, le sourire et la bave aux lèvres. C’est finalement vers 18h00 que nous débarquons dans la ville de Rodez et que nous nous y perdons comme des débutants. On arrive enfin à la Guinguette L’Autrec, espèce de troquet/resto (une guinguette, quoi !) à la déco on ne peut plus accueillante et aux tauliers des plus chaleureux ! Rien de plus agréable que de s’entendre dire « allez, on installe le matos vite fait, et on ira boire un canon ». Ça peut paraître anodin, mais c’est tout de même rarissime ! Tout s’annonce bien. L’apéro s’éternise même suffisamment pour commencer à faire tourner les têtes (surtout la mienne) au moment pour les Fiasco d’attaquer la scène.
Le concert est plus carré et efficace que la veille, la salle parfaitement adaptée (ni trop grande, ni trop petite) et le set passe comme une lettre a la poste . Agréable surprise, chamoule s’assoit derrière les fûts et laisse à Jul Fiasco le soin de chanter la reprise des ramones avec le charisme d’un chanteur HxC old school ariégeois. Seul le public manque à l’appel ; ou plutôt, il est bien présent mais reste accoudé au comptoir, étant plus venu pour noyer les difficultés de la semaine dans des pintes de bière ! Ceci dit l’ambiance bonne enfant qui règne dans le rade finit par gagner l’assistance, et les sales gosses du 95 assurent un set que je trouve plus convaincant que la veille, notamment grâce à l’excellente reprise de The Crusher des Ramones : Adi, le bassiste, prend le mégaphone et assure un spectacle de haute voltige, grimpe partout et exhibe des endroits de son anatomie que rigoureusement ma mère m’a défendu de nommer ici…


La soirée continue au sein de la guinguette et se poursuit par un second set express des Marxmallows, puis par un bœuf entre le guitariste et le bassiste des très rockabilly « Les Ennuis Commencent » et Jul Fiasco à la batterie. Quelques rockabs endiablés et le son doit être coupé, horaire oblige.

Le camion se charge, et nous partons à la recherche du foyer de jeunes travailleurs ou nous sommes hébergés (!!) ce soir, et dans lequel les facéties anatomiques se multiplient. Ça vous étonne ? Moi non !


Vendredi 17 Février 2006

Le lendemain, réveil vers midi, frugal petit déjeuner, et on reprend la route pour bordeaux. Passons sur les diverses péripéties habituelles (vulgarités et embourbage de camion pour n’en citer que quelques unes) qui jonchèrent les 5 heures de trajet et penchons nous sur l’arrivée à bordeaux en pleine heure de pointe, ou garer le camion en centre ville n’est pas une mince affaire !
On arrive tout de même à décharger le matos et direction le resto ou les organisateur du Fiacre Sound Bar nous invitent (c’est suffisamment rare pour être souligné!) le concert s’annonce bien, le son est potable et une soixantaine de personnes se pressent dans une cave de modeste dimension. Les Fiasco nous servent un concert de mieux en mieux rodé, renouvellent le duo avec le chamoule qui cogne de plus en plus fort, et laissent le public conquis à leur cause et tout prêt à recevoir les Marxmallows.
Embusqué que j’étais au bar à l’étage, je n’ai pas vu leur concert, mis a part la sempiternelle reprise des Ramones qui sonne la fin de leur set. Quelques heures après, nous quittons le bar (ainsi que Dick qui s’en va passer la nuit dans les bras d’une bordelaise tombée sous son charme irrésistible) et nous nous dirigeons vers le domicile d’Aurélie, qui nous héberge cette nuit. La soirée bat son plein chez elle, ce qui nous donne, à chamoule et moi même l’occasion de refaire le monde et de partager moult points de vues politico-philosophiques, pour se rendre compte que tout ça ne vaut pas une bonne cannette, et qu’on va pas se laisser emmerder par un pack de bières ! Et hop ! Re-biture, et je m’endors dans les bras de Jul Fiasco, qui n’en attendait pas moins !

Samedi 18 Février 2006

Apres cette douce nuit passée dans un vrai lit (ce qui est rare en tournée) dans les bras d’un batteur gascon puant la mort (ce qui est moins rare) la douche est salutaire et en soulage plus d’un (…) ! On prend le p’tit dej gentiment offert par la maitresse de maison, on récupere Dick qui sort de ses frasques et de sa bordelaise et on repart en camion vers la mythique commune de Neuvic/l’isle ou l’hospitalité est inscrite au fronton de ce bon vieil Hôtel de France. Là un petit topo s’impose pour ceux qui ne connaissent pas le lieu : troquet de village tenu par un certain JP, l’Hôtel de France est l’endroit favori des villageois environnants. A toute heure de la journée, l’anthropologue peut observer le Neuvicois dans son élément naturel : barbotant dans un demi servi avec le sourire et attendant, le week-end venu, de voir ce que savent faire les petits jeunes qui font du rock’n’roll… fidèle à sa réputation, le village entier présente un taux d’alcoolémie à faire frémir une escouade de gendarmes quand nous arrivons sur les lieux (vers 16h !!), et c’est sous une cataracte d’apéritifs divers et variés que nous déchargeons le matos.

Les balances ont lieu devant une assemblée de troisième mi-temps désireuse de donner son avis (« et lui quand il avance, ça fait larsen !!! Arrête d’avancer !! ») et c’est sur les coups de 22h00 que nous passons a table : choucroute maison pour tout le monde (je n’invente rien !) le déluge de bière continue durant le repas, ce qui provoque quelques ennuis gastriques chez nos amis parisiens, dont un ne s’est pas privé de vomir dans le lavabo avant le concert… parce que c’est vrai qu’il y avait un concert, on avait presque oublié qu’on était là pour ça !

Je ne redirais pas ce que j’ai pensé des prestations des fiasco, c’était comme les jours d’avant, mais en mieux… par contre les Marxmallows ont inauguré un nouveau concept : le « je chante 2 tons en dessous parce que j’ai trop bu à table »… génial !

S’en est suivie l’habituelle déferlante d’exhibitions en tous genres (un nouveau jeu : le « boule ou verge » !!!) libations déraisonnables et chants de comptoirs jusqu'à l’aube ! Un délice !

Le plus dur c’est le lendemain… les clients du bar sont déjà accoudés quand on se lève vers 11h et nous regardent charger le camion avec plus de mal que nous n’en avions eu pour le décharger la veille. Le dénommé romain boule, répugnant sans doute à l’idée de rentrer à la maison, commence par perdre les sous du cachet, puis désireux de se faire remarquer une dernière fois fait une entrée fracassante dans un de ces restaurants rapides américains auxquels je faisais allusion au début de ce report, restaurant dans lequel il fit un tel usage de son mégaphone que la police ne tarda pas à faire irruption dans les lieux. Ce sacré déconneur de romain ne se laisse pas démonter et affirme tête haute que, oui monsieur l’agent, je rends service à la société, je fais rire les gens, je leur donne du plaisir… palabres avec la maréchaussée pour laisser l’énergumène tranquille et nous pouvons remonter dans le camion pour parcourir les dernières centaines de kilomètres qui nous séparent de la vraie vie…

Le soir, je me pose dans un canapé, pas la force de prendre une douche. Je me dit que le travail, c’est nul, et que le plus nul, c’est que je ne pourrais pas parler fleur bleue avec Chamoule, je ne verrais pas Adi chanter The Crusher , je n’entendrais pas, admiratif les prouesses sexuelles de Mathieu C. je n’entendrais pas les interventions outrancières de lwi, je ne causerais pas végétarisme avec chuck,je ne verrais pas jules fiasco aller faire caca 3 fois par jour, je n’entendrais pas Mato divaguer au fond du camion, Dick râler parce qu’il a soif, et je ne verrais pas le regard de romain boule dans le rétro du camion, ce regard qui dit que tout va bien, on est sur la route… putain, je vais relire l’atlas routier avant d’aller au lit !
Merci à tous.

Vi(n)ce

Salut et Merci :

Vi(n)ce, Chamoule, The Marxmallows, Aurlie, Fraggle guinguette, PierrO, Yoorwell, Gdon, Didier Yy, Juliette "My space girl", Yoshi TSLC, Do it Yourself crew, la bordelaise de Dick, Jean-Pierre, Marie, l'hotel de France et la co-sanguinit, la choucroute, les jeunes travailleurs, et toutes ces petites choses qui nous donnent pas envie de retourner au travail.